Un ami résidant dans le Massif Central à la recherche d’un job postule à une annonce. Il s’agit de travailler pour une entreprise icaunaise de distribution « à rayonnement international » s’il vous plaît, ils ont même des magasins en Pologne. Bingo ! Son CV colle aux attentes de l’entreprise puisqu’il est contacté par une demoiselle en charge de ce recrutement. Cette dernière présente l’entreprise, Il s’agit d’ « un Grand Groupe mais qui a su rester familiale » ; chic, un peu de douceur dans un monde de brutes ça fait toujours chaud au cœur. La chargée de recrutement lui fait passer un en pré-entretien téléphonique qui dure quelques minutes. Son profil matche avec le poste à pourvoir, il est donc convié à venir passer un entretien dans les locaux de la firme située dans l’Yonne.
Très motivé, le candidat met toutes les chances de son côté, il se rend sur les lieux la veille, réserve une chambre d’hôtel pour ne pas avoir à parcourir les 400 kms le matin même et ainsi être bien frais pour être au top de ses capacités. Il a même emmené des bouquins pour bûcher un peu son domaine de compétence, il va certainement rencontrer un professionnel avec qui il va pouvoir parler technique et montrer un peu ce qu’il a dans le ventre.
Le rendez-vous est prévu pour 11 heures. Bien sûr celui-ci commence avec sa petite demi-heure de retard (c’est un classique, ne jetons pas la pierre). L’entretien débute enfin, il s’agit d’un remake de l’entretien téléphonique ayant eu lieu quelques jours plus tôt. Pas d’entretien avec le futur N+1 recherchant un collaborateur et l’interlocutrice n’a pas l’air de paner grand-chose au poste. Elle fait donc ce qu’elle semble être capable de faire de mieux : demander à mon ami de lire une nouvelle fois son CV. Je tiens à rappeler que l’entretien s’est déroulé dans l’entreprise même avec une chargée de recrutement salariée de l’entreprise; il était donc en principe possible d’organiser dans la foulée un entretien avec un professionnel du métier, pour évaluer les compétences techniques du candidat. Cette évaluation n’a pas eu lieu, l’entrevue était donc inutile, l’échange ayant été identique à celui s'étant déroulé la semaine passée par téléphone.
Durée de l’entretien : une quinzaine de minutes. Il faut comprendre notre chargée de recrutement, midi approchant, elle risquait d’être en retard pour déjeuner avec ses collègues.
Coût de l’opération :
Déplacement : carburant+ péage allé et retour : 70 euros
Chambre d’hôtel avec petit déjeuner : 65 euros
Total : 135 euros.
Soit 9 euros la minute de vacuité, l’entretien ayant duré 15 minutes.
Issue de l’entretien :
Un petit Email « bateau » négatif, « votre profil ne correspond pas au poste ». Pourquoi faire déplacer le candidat alors ?! Banane ! 6 mois plus tard le poste est toujours vacant et l’annonce est régulièrement republiée sur les sites spécialisés. A croire qu’en fait ce poste n’est pas indispensable et qu’ils n’ont besoin de personne.
Cette entreprise icaunaise doit certainement détenir des actions dans les compagnies pétrolières, autoroutières et peut-être aussi hôtelière.