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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 17:23

J’ai pu constater que s’adresser au candidat par son prénom était pratiqué par des cabinets de recrutement.

 

En tant que candidat:

 

Il s’agissait d’un entretien passé au sein d’une de ces grandes entreprises internationales d’audit que l’on nomme « Big Four ».

 

Prise de contact :

 

La recruteuse était une jeune femme sur le point de partir en congé maternité, d’où la nécessité de son remplacement et l’objet de notre entretien. Elle avait à peu prés mon âge, c’est d’ailleurs peut être pour cette raison qu’elle s’est sentie autorisée à m’appeler par mon prénom et non en utilisant le titre d’usage « Monsieur ». J’ai été en effet assez surpris d’entendre la recruteuse m’interpeller par mon prénom pour débuter l’entretien, alors que je l’attendais dans le hall d’accueil.

L’entretien a débuté par une phrase de ce style : « Bonjour Jean, pouvez vous me présenter votre parcours ». Je ne m’attarderai par sur le déroulement de l’entretien en lui-même, d’autant plus qu’il n’y a rien de plus classique que de commencer un entretien de cette façon. Par contre j’ai remarqué d’emblée qu’elle s’adressait à moi par mon prénom. Au cours de notre échange elle m’a appelé de cette manière à plusieurs reprises.

 

En général lorsqu’on s’adresse à quelqu’un qu’on ne connaît pas, on l’appelle par son nom précédé de « Monsieur » ou « Madame »,  on s’assure ainsi qu’on est bien face à la bonne personne, puis on se présente. Par contre une fois les présentations faites il n’est plus nécessaire d’appeler la personne car elle a été identifiée, et n’a en principe plus besoin d’être interpellée puisqu’elle est censée être à l’écoute de son interlocuteur.

 

Pourquoi  appeler le candidat par son prénom ?

 

Appeler quelqu’un par son prénom se fait dans la sphère privée (famille, amis…), c’est donc  un signe de proximité. Cette pratique peut être utilisée entre personnes faisant connaissance ce qui permet de casser une distance ; cela dit, seulement si c’est réciproque. Si cette dernière condition n’est pas respectée, la relation entre les protagonistes ne peut plus être « d’égale à égale », elle devient alors de subordination.  C’est pour cette raison que je n’ai jamais trouvé choquant de me faire appeler « Jean » par mes supérieurs hiérarchiques alors que je les appelais Monsieur, ou Madame.

 

Pourquoi m’interpeller de nouveau au cours de l’entretien en m’appelant par mon prénom ?

 

Comme je l’ai dit plus haut, il n’est en principe plus nécessaire d’interpeller son interlocuteur lors de l’entretien, car il est censé porter toute son attention aux propos du recruteur. Toutefois, cela se pratique dans des discussions pour éveiller l’attention de la personne face à soi. Les débateurs en usent ainsi très fréquemment, que ce soit dans des confrontations juridiques ou politiques. Si la recruteuse a senti le besoin de m’interpeller à plusieurs reprises lors de notre échange, c’est soit que je commençais à ronfler trop fort (ce qui bien sûr n’était pas le cas), soit qu’elle cherchait à attirer toute mon attention. Mais sur quoi voulait-elle porter toute mon attention ? On n’était à ce stade de l’entretien, absolument pas en phase de négociation ou de toute autre confrontation…

 

Résumons : appeler quelqu’un par son prénom est soit un marqueur de proximité, soit un marqueur de relation de subordination. J’ai aussi indiqué plus haut que s’adresser à quelqu’un par son prénom pouvait permettre de casser une distance et de cette façon, mettre à l’aise son interlocuteur, j’ai justement précisé dans un autre article de ce blog qu’il était important de mettre le candidat à l’aise. Or, le cadre d’un entretien de recrutement ne doit être ni familier ni, en principe de subordination ; j’en conclue et que cette pratique est ambigüe et ne doit pas trouver sa place au cours d’un entretien de recrutement.

 

Ma vision des choses :

 

Si on demandait à la recruteuse pourquoi elle m’a appelé par mon prénom, elle répondrait certainement que c’est parce qu’on est dans une entreprise qui a su rester simple où l’on « ne se prend pas la tête », que ça permet aussi de mettre le candidat à l’aise en désacralisant l’entretien. C’est défendable. Cependant de mon côté, je ne me suis pas permis de l’appeler par son « petit nom », la relation d’égale à égale était donc rompue.

 

Par ailleurs, elle m’a interpellé à plusieurs reprises au cours de l’entretien, elle cherchait donc à attirer mon attention. Je me demandais pourquoi, car en principe mon attention était acquise et si cela avait eu besoin d’être fait, ça aurait démontré mon manque de motivation pour le poste  et donc mettre fin à l’entretien.

 

Conclusion :

 

1.       En s’adressant à moi par mon prénom, elle s’est posée en situation de supériorité par rapport à moi.

2.       En m’interpellant à plusieurs reprises elle a confirmé  le premier point énoncé.

Je ne jette pas non plus la pierre à cette fille, je ne pense pas qu’elle ait fait cela par machiavélisme et qu’elle ait de son côté effectué l’analyse que je viens de faire. Non, elle s’est, à mon avis, tout simplement imprégnée de la culture de son entreprise et s’est contenté de reproduire les pratiques de sa boîte, ce n’est qu’une question de mimétisme.  En tout cas grâce à ce simple détail, on peut en supposer long sur une entreprise.

 

En tant que client :

 

En tant que cadre RH, j’ai eu à travailler avec des cabinets de recrutement. Une fois, j’ai assisté mon supérieur lors d’un rendez-vous commercial avec une conseillère en recrutement. J’ai tout de suite remarqué qu’elle s’adressait à moi en m’appelant Jean, alors qu’elle ne se permettait pas cette familiarité avec mon supérieur hiérarchique.

Je pense qu’en m’appelant par mon prénom, elle  voulait donner un ton décontracté, tout en cherchant à mettre en valeur la méthodologie sérieuse du cabinet. La finalité étant certainement de donner une touche « on est cool mais on bosse », faisant penser aux « startups » californiennes connotées entre autre pour leur modernité et leur efficience.

En appelant mon chef Monsieur et moi par mon prénom, elle a aussi montré qu’elle avait identifié qui était le preneur de décision final. Elle n’avait pas tord c’était bien mon bosse qui signait le chèque, mais je faisais quand même partie des prescripteurs, ma mission étant de donner mon avis et de rédiger un compte rendu sur chaque cabinet destiné à l’ensemble des associés…

Ce deuxième exemple me permet de constater que s’adresser à des inconnus en les appelant par leur prénom n’est pas une pratique isolée dans le monde du recrutement.

 

 

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 16:39

Un ami résidant dans le Massif Central à la recherche d’un job postule à une annonce. Il s’agit de travailler pour une entreprise icaunaise de distribution « à rayonnement international » s’il vous plaît, ils ont même des magasins en Pologne. Bingo ! Son CV colle aux attentes de l’entreprise puisqu’il est contacté par une demoiselle en charge de ce recrutement. Cette dernière présente l’entreprise, Il s’agit d’ « un Grand Groupe mais qui a su rester familiale » ; chic, un peu de douceur dans un monde de brutes ça fait toujours chaud au cœur.  La chargée de recrutement lui fait passer un en pré-entretien téléphonique qui dure quelques minutes. Son profil matche avec le poste à pourvoir, il est donc convié à venir passer un entretien dans les locaux de la firme située dans l’Yonne.

Très motivé, le candidat met toutes les chances de son côté, il se rend sur les lieux la veille, réserve une chambre d’hôtel pour ne pas avoir à parcourir les 400 kms le matin même et ainsi être bien frais pour être au top de ses capacités. Il a même emmené des bouquins pour bûcher un peu son domaine de compétence, il va certainement rencontrer un professionnel avec qui il va pouvoir parler technique et montrer un peu ce qu’il a dans le ventre.

Le rendez-vous est prévu pour 11 heures. Bien sûr celui-ci commence avec sa petite demi-heure de retard (c’est un classique, ne jetons pas la pierre). L’entretien débute enfin, il s’agit d’un remake de l’entretien téléphonique ayant eu lieu quelques jours plus tôt. Pas d’entretien avec le futur N+1 recherchant un collaborateur et l’interlocutrice n’a pas l’air de paner grand-chose au poste. Elle fait donc ce qu’elle semble être capable de faire de mieux : demander à mon ami de lire une nouvelle fois son CV. Je tiens à rappeler que l’entretien s’est déroulé dans l’entreprise même avec une chargée de recrutement salariée de l’entreprise; il était donc en principe possible d’organiser dans la foulée un entretien avec un professionnel du métier, pour évaluer les compétences techniques du candidat. Cette évaluation n’a pas eu lieu, l’entrevue était donc inutile, l’échange ayant été identique à celui s'étant déroulé la semaine passée par téléphone.

Durée de l’entretien : une quinzaine de minutes. Il faut comprendre notre chargée de recrutement, midi approchant, elle risquait d’être en retard pour déjeuner avec ses collègues.   

 

Coût de l’opération :

Déplacement : carburant+ péage allé et retour : 70 euros

Chambre d’hôtel avec petit déjeuner : 65 euros

Total : 135 euros.

Soit 9 euros la minute de vacuité, l’entretien ayant duré 15 minutes.   

 

Issue de l’entretien :

Un petit Email « bateau » négatif,  « votre profil ne correspond pas au poste ». Pourquoi faire déplacer le candidat alors ?! Banane ! 6 mois plus tard le poste est toujours vacant et l’annonce est régulièrement republiée sur les sites spécialisés. A croire qu’en fait ce poste n’est pas indispensable et qu’ils n’ont besoin de personne.

Cette entreprise icaunaise doit certainement détenir des actions dans les compagnies pétrolières, autoroutières et peut-être aussi hôtelière.

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 15:14

Certains recruteurs pensent :

 

·         Soit que le candidat est à son service absolu et doit se plier à ses exigences.

 

·         Soit que le candidat est ubique (capable de se situer à plusieurs endroits au même moment). Il a ainsi la possibilité d’être présent au boulot s’il est en poste et de venir passer l’entretien sans difficulté).

 

·         Soit que les candidats pratiquent la téléportation à la Star Trek et que ce n’est donc pas un problème pour eux de parcourir des trajets Brest-Nice ou Pau-Strasbourg dans la même semaine.

 

 

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